Les lits d'hôpitaux suisses et leur véritable occupation La Confédération justifie l’introduction de mesures plus strictes, comme le certi- ficat Covid, en affirmant que les hôpitaux sont surchargés. Un coup d’œil aux statistiques montre toutefois que le taux d’occupation des lits d'hôpitaux n’a pas été extraordinaire, et ce, ni sur l'ensemble de la période, ni à certaines dates clés. 02.11.2020 Le canton de Genève déclare l'état d'urgence «en raison de la situation tendue dans le secteur de la santé». Si l’on regarde l'occupation des lits à Genève, on constate qu'à l'heure actuelle, sur environ 3000 lits d'hôpitaux, 1000 sont encore vacants et sur 73 lits IPS, seuls 44 sont occupés.2 17.12.2020 Des médecins et des directeurs d'hôpitaux se présentent devant les médias et lancent un ap- pel dramatique à la Confédération pour qu’enfin elle agisse afin de sauver de l’effondrement un système de santé «surchargé». Un jour plus tard, la Suisse entame son deuxième confine- ment. L'examen des chiffres montre que les lits d’hôpitaux suisses et les lits IPS ne sont utilisés qu'à environ 75 % de leur capacité à cette date.2 16.04.2021 Le «Tages-Anzeiger» annonce que les lits IPS dans le canton de Zurich sont à nouveau «en train de manquer». Sur les 199 lits IPS, seuls 29 sont encore libres, ce qui correspond à un taux d'occupation d'environ 85 %. Cependant, une comparaison avec les chiffres du 2.11.2020 - le canton de Zurich comptait alors encore 328 lits IPS - montre que malgré la «pandé- mie qui se propage», le nombre de lits IPS a été diminué de 40% sur une période d'environ cinq mois.2 07.09.2021 L'introduction du certificat COVID étendu au 13.9.2021 est également justifiée par la «for- te occupation des lits d'hôpitaux». Quelques jours plus tôt, le 7.9.2021, le journal Blick titrait: «Parce que les hôpitaux sont à bout, le Conseil fédéral resserre une fois de plus la vis coronavi- rus. A partir de lundi déjà, seules les personnes vaccinées, guéries et testées seront autorisées dans de nombreux endroits.» Si l’on regarde le site web de la Confédération, on constate qu'au 7.9.2021, seulement 78,7% de tous les lits d'hôpitaux et 76,1% des lits IPS sont occupés. Si nous comparons ce que les autorités et les médias nous ont communiqué depuis le «dé- but de la pandémie» sur l'occupation des lits d'hôpitaux avec la réalité, force est de conclure que l'on nous a menti: les lits d'hôpitaux n'ont pas connu une occupation extraordinaire, que ce soit sur l'ensemble de la période ou à certai- nes dates clés. Et ce, bien que la capacité des lits a été progressivement réduite sur une pé- riode de plusieurs mois. Une analyse détaillée prouve même que les hôpitaux suisses ont été nettement moins sollicités en 2020 que d’autres Sources en ligne: t années.3 Les mauvaises conditions de travail dans les soins sont un problème plus important que le manque de lits.4 On ne cesse de nous répéter depuis le «début de la pandémie» que nous devons prendre toutes les mesures afin d’«aplatir la courbe» et éviter ainsi la surcharge de notre système de santé. En tant qu’indicateur du fonctionnement d'un sys- tème de santé, l'occupation des lits d'hôpitaux, en particulier dans les unités de soins intensifs («lits IPS»), joue un rôle central ici. La Suisse compte habituellement environ 1000 lits de ce type. Le taux d'occupation moyen, qui corres- pond d'ailleurs au taux qui garantit la rentabilité de l'ensemble des lits hospitaliers, se situe géné- ralement autour de 75 pour cent.1 Le taux d'occupation actuel des lits des hôpi- taux suisses et des IPS peut être consulté sur le site de la Confédération: https://www.covid19.admin.ch/fr/overview (-> Capacités hospitalières). On trouve sur le site www.icumonitoring.ch exploité par les EPF un aperçu détaillé de la statistique des lits IPS par canton ainsi que de l'évolution des capacités et de l'utilisation au cours de l'année. Le graphique de la rubrique «National trends» montre que les lits IPS ont connu une brève augmentation d'environ un tiers au printemps 2020, pour revenir ensuite à un niveau normal pour le reste de l'année. Ce même graphique montre également que les lits IPS n'ont jamais atteint un niveau d'occupation critique au cours des 20 derniers moi.2 Occupation des lits d'hôpitaux à certaines dates clés Il a été annoncé dans les médias, à diverses dates clés, que les hôpitaux étaient pleins et que des mesures ad hoc devaient être prises: SCIENCE & MÉDECINE | 15 Pandémie du petit nombre Winston Churchill a dit un jour en ricanant: «Un expert est un homme qui peut vous dire après coup exactement pourquoi ses prévisions étai- ent fausses». Les vrais experts de ce monde vous disent à l'avance à quel point leurs prévisions sont exactes. Depuis le début de la crise du coronavirus, c’est John Io- annidis qui a fourni de loin les calculs les plus fiables. Ce professeur d'épidémiologie, le plus cité au monde, avait en effet remarquablement bien expliqué dans un article1 du 17 mars 2020 que le COVID-19 est probablement beaucoup moins dangereux que ce que les experts et les médias ont prétendu. Il a également attiré no- tre attention sur le fait que la panique ainsi en- gendrée pourrait entraîner un fiasco. Comme une grippe moyenne M. Ioannidis avait analysé la situation sur le navire de croisière Diamond Princess, qui était ancré au large du Japon et où le coronavirus s’était propagé. Il s’agissait donc d’un «labora- toire» parfait pour étudier le virus. Il a conclu que l'IFR (Infection fatality rate ou mortalité après infection) du SRAS-CoV-2 extrapolé à la structure d'âge des États-Unis est d'environ 0,125 %, ce qui correspond à une grippe moy- enne. Un chiffre modeste et banal qui contras- tait donc avec l'estimation de l'OMS qui était de 3,4%, soit 27 fois plus élevée. L’estimation intenable de l'OMS En tant qu'expert de haut niveau, M. Ioannidis a naturellement ajouté qu'en raison de la quantité de données limitée, la marge de fluctuation se si- tuait entre 0,025 et 0,625 %. On savait donc, en Suisse, au plus tard un jour après le confinement, que nous ne naviguions pas du tout à l’aveuglette et que l'estimation de l'OMS était intenable. En oc- tobre 2020, cette même OMS a publié dans son Bulletin2 une nouvelle étude de Ioannidis, laquelle parlait d’un IFR estimé inférieur à 0,2 %. L’OMS confirmait ainsi indirectement que le SRAS- CoV-2 était comparable à la grippe. La pandémie aurait donc dû être déclarée termi- née sans attendre, comme de nombreux experts l’avaient demandé. L'OMS avait toutefois modifié la définition d'une pandémie en 2009, peu avant la pandémie de grippe porcine. Depuis, ce n’est plus le degré de dangerosité de la maladie qui est déterminant, mais le nombre de «cas» enregistré dans plusieurs pays. Et comme un test PCR positif a été considéré comme un cas, cela même si le patient n'est pas malade et ne pré- sente pas de symptômes, on continue à tester sans broncher. Malgré l'hostilité et les menaces dont il fait l’objet, Ioannidis ne lâche toutefois pas prise. Il a, depuis, publié d'autres études. En mai 2021, il a calculé par exemple, sur la base de nouvelles données, un IFR mondial de 0,15 %, ce qui est très proche de sa première estimation de 0,125 pour les États- Unis. Les railleries des critiques ne devraient Sources en ligne: y donc guère le toucher.